On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Archéologie Crânienne Appliquée aux flots d'hémoglobine • Editeur: Square Enix • Date de sortie: 5 Mars 2013

Tomb Raider

Par • le 14/3/2013 • À la une, PC, Tests & previews • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Que j’ai pu te détester, Lara Croft, ton croupion rectangulaire et tes nichons en triangle, symboles de la casualisation et de la beaufisation du jeu vidéo vendu au grand capital, où pour le commun des mortels tu étais l’icone d’une génération d’adolescents attardés, et pour moi une bimbo qu’on servait à des gamins idiots pour cacher les perles vidéoludiques de l’époque.

Longtemps Tomb Raider a été pour moi le symbole même du jeu mauvais, sans intérêt, buggé, et qui se vendait seulement sur son nom. Puis la licence s’enfonça doucement dans la tombe, et je fus ravi de ne plus en entendre parler.
Sauf que voilà, ma copine adore. Moi qui pensais la pupute (Lara, pas ma copine) être le symbole même de l’anti-féminisme, il se trouve qu’en fait, elle a quand même l’image d’une femme cool, et qui plaît aux filles. A mon avis c’est le cas depuis assez récemment (je dirais depuis Legends), mais je me suis retrouvé à devoir acheter des Tomb Raider, et sur Steam et sur PS3 (notamment un BluRay 3 en 1 trouvé dans un Tesco au fin fond de l’Ecosse).
Rien à faire par contre de mon côté quant à l’image, la voyant jouer, cela restait toujours pour moi mauvais, buggé et sans intérêt.

Fast forward l’E3 2011, où le premier trailer du « reboot » de Tomb Raider, sobrement nommé « Tomb Raider« , apparaît sur Internet ; Lara est jeune et jolie, et la cinématique n’annonce rien de folichon jusqu’au moment où … du sang ? Wowowow Lara a pris un sacré coup, un piolet, un arc, je suis intrigué.

Jack Sawyer et Kate

THE SUN QUEEN

La jeune Lara Croft tout juste diplômée s’embarque dans une expédition moitié archéologique, moitié télé réalité, dans un énorme chalutier breton appelé Ker Endurancevenec, l’ambiance à bord est mi-tendue avec la star du show, un archéologiste blondinet qui sent bon la trahison, mais plutôt cordiale avec le reste de l’équipage, un Popeye Ecossais de Glasgow, un gros Néo Zed avec une coupe de pec et des gros pecs, un ex-Royal Marines qui a dû faire la guerre des Malouines, une mécano et un informaticien pour compléter la chair à canon, et finalement Nathalie l’amie asiatique de Lara. Enfin elle s’appelle Samantha mais elle va pas nous faire croire qu’avec ses yeux bridés et sa face de citron elle s’appelle vraiment comme ça.
Bref la belle équipe est sur le chalutier, et Lara, sur la piste d’une reine mystérieuse japonaise, propose d’aller fouiller dans un endroit mystérieux, le Triangle du Dragon, un lieu maudit où plein de disparitions super bizarres ont eu lieu mais qui serait là où la reine Kimiko aurait élu domicile.
Evidemment, ni une ni deux, le Ker Endurancevenec se coupe en deux lors d’une violente tempête et éjecte tous ses passagers sur l’île mystérieuse de Kimiko, et Lara prend ses premières castagnes.
Au final, tout le monde est vivant … MAIS LE SONT-ILS VRAIMENT ? klunk. écran noir.

Un beau terrain de golf

Une fois que le jeu nous donne la main, force est d’avouer qu’il est plutôt joli, et je ne parle pas de l’effet cheveux TressFX Vidal Sassoon que j’ai désactivé dès la première session tellement ça sert à rien, mais plus généralement des décors de l’île, les environnements, bien que souvent étriqués, restent riches et la vue s’étend au loin sur un ciel toujours menaçant, projetant l’ombre de la puissance de la reine Kimiko qui contrôle aux éléments. On retrouve donc Lara à la troisième personne, où elle a une présence plus légère à l’écran, ses déplacements sont aussi fluides et vraiment bien intégrés à l’environnement. Malheureusement, les deux premières heures de l’aventure souffrent du manque de grande liberté commun à beaucoup de jeu de cette génération ; s’enchaînent régulièrement les cinématiques et les phases de gameplay qui consistent simplement à pousser le stick vers l’avant et admirer ce que la caméra nous force à voir. Ces 2 premières heures peuvent aussi donner la fausse impression que le jeu est un assemblage désagréable de QTE et phase de combat en couverture, mais je vous rassure, insistez, cela se dissipe plus tard (dumoins pour les QTE).

Pas de fumée noire sans feu

Lara risque son hygiène intime mais survit grâce à sa torche

Deux éléments du gameplay m’ont particulièrement plu : le feu et l’arc.
Le premier est l’Elément du personnage de Lara Croft, dès le premier feu de camp qui la réchauffe enfin (et pour toute la durée du jeu on dirait, tant elle porte le débardeur en permanence sans ciller même sous la neige), et jusqu’au coup de grâce du boss final, il est omniprésent autour d’elle. Elle va apprendre à l’apprivoiser pour avancer et se sortir de difficiles situations, mais il sera aussi souvent la clé des puzzles, le moyen d’obtenir du matériel, et lorsque le jeu voudra nous ajouter de la difficulté, il nous en coupera l’accès. Il permettra aussi je rajouter de la tension lorsqu’il est la seule source de lumière dans des gorges sous-terraines où seule la tête de la jeune Lara dépasse de l’eau (« elle va nous attraper une mycose » ai-je entendu dire chez moi), éclairée par sa torche qu’elle tente de maintenir allumée. Lara affronte tous les éléments, les chutes d’eaux, les vents violents, les dégringolades dans la boue, mais le feu est son allié, c’est pas pour rien que les points de sauvegarde/upgrade/voyage rapide sont … des feux de camp !
Le deuxième élément est l’Arc ; nouvelle arme préférée des game designers, on le retrouve dans Assassin’s Creed 3 où il m’a autant passionné que le jeune Connor McCherokee ou dans Crysis 3 où il tente avec force de donner un intérêt au jeu le plus ennuyeux que j’ai pu voir ces dernières semaines. Tomb Raider est donc le seul qui tire son épingle avec un lance patate essentiel dans la progression, mais aussi outil indispensable s’il on emprunte la voie de la discrétion plutôt que du rentre-dedans.

Un bunker au fond de la jungle

Une fois le corps à corps débloqué, c'est le mode de combat le plus efficace

Tomb Raider est PEGI 18, et il le mérite, violent, gore, il maltraite son héroïne pour mieux justifier sa folie meurtrière sans scrupule des anciens opus. Lara est acculée et tue sans vergogne la population de l’île. Les combats sont une part importante du jeu, et sûrement son plus gros défaut, non pas parce qu’ils sont mal faits, le système de couverture est plutôt naturel, on est loin des aimants humains que sont les héros des TPS à couverture classiques, mais ils sont trop présents dans une trame où on en voit peu la nécessité. L’hostilité de l’île suffit déjà a malmener Lara sans rajouter les 35 000 autochtones qu’elle doit dézinguer pour en finir. Certaines phases d’action sont ridicules, Lara élimine à la chaîne des douzaines de gros russes idiots qui se jettent sur elle sans réfléchir, à coup de piolet elle les dézingue ou leur tire une rafale de chevrotine dans le bide dans une magnifique gerbe de sang. De plus, les adversaires de Lara manquent sévèrement de variété là où encore l’île regorge de créatures violentes, 90% de la chair à canon de la jeune archéoloptiste sont des « solarii », de grosses armoires à glace barbues à la solde du grand méchant prêtre fou. Et pourtant, il y a des loups, seulement au tout début (j’ai compté j’en ai tué 12 exactement en tout et pour tout), il y a les mystérieux Stormguards de la reine Kimiko qui tellement on les attend, font superbement « pouf » dès qu’on les a en face, dans l’avant-dernier niveau seulement, et c’est bien dommage, un peu de variété aurait été bienvenu.

Looooooooost

La vision d'aigle sauce Lara Croft donne de gros indices pour avancer dans le jeu

Il reste le coeur du jeu, ce qui fait que Tomb Raider est un Tomb Raider : les puzzles et l’exploration. Et là, les fans risquent d’être déçus, car le peu de puzzle qui subsistent restent optionnels, et pas très compliqués. Quant à l’exploration, et bien on peut très bien s’en passer pour avancer, contrairement aux omniprésents combats. Il y a bien des objets à rechercher qui vous font gagner soit de l’expérience à dépenser pour accroître les capacités de la jeune fille (finish moves …), soit du « matériel », élément générique qui permet d’upgrader ses armes (les grands classiques : capacité, dégâts …), mais ils sont relativement faciles à trouver, et on arrive bien avant la fin au max des compétences et des upgrades sans trop forcer, je dirais même que le jeu est assez facile à terminer à 100% en une dizaine d’heure, et ceci en grande partie grâce à la feature « vision d’aigle » de Lara qui au même titre que celle d’Assassin’s Creed dont elle s’inspire, met en surbrillance dorée les éléments du décor qui sont utilisables, nécessaires à la progression, les ennemis et les munitions. On peut tenter de jouer sans, mais il faut avouer qu’elle s’avère bien trop tentante, comme le mode analyse de Batman dans Arkham City et Arkham Asylum. Oui les amis nous vivons bien dans une ère où les cheats font partie intégrale du gameplay.

Kimiko lilalilala

Alors voilà, j’ai réussi à finir le jeu facilement car je suis habitué à me battre au pad aux TPS, mais ma copine, elle qui est habituée aux Tomb Raider classiques, semble être bloquée durant ces phases qui me paraissent interminables quand je la regarde jouer où elle tente vainement de viser les douzes hystériques qui lui foncent dessus en lui lançant des cocktails molotov. Evidemment elle préfère comme moi les moments de grimpette, de sauts dans le vide rattrapés in-extremis, et de glissades dans les chutes d’eau, mais il se peut bien qu’elle s’arrête de jouer à cause du tournant action qu’a souhaité prendre ce dernier volet de Tomb Raider, et qui semble être le nouveau cancer, parmi d’autres, des jeux vidéo sortis cette année, et je serais ravi de m’épancher un peu plus sur le sujet dans une critique de Dead Space 3.
Mais ce Tomb Raider ne peut être gâché par quelque chose d’aussi trivial que le massacre d’un peuple entier, il est terriblement addictif et divertissant, c’est un bien meilleur film d’action que tous les Uncharted réunis, bien meilleur que le dernier Indiana Jones, Lara Croft remonte sur le podium des archéolophiles d’action, peu respectueux de la conservation historique, et vient prendre une première place où je n’aurais jamais cru la voir. Quant aux fameux bugs omniprésents dans les précédents opus, et bien ce jeu est correctement réalisé, j’ai eu des plantages en activant la Tessellation, mais une fois la case décochée, aucun problème, de même, je n’ai rencontré que deux bugs en tout et pour tout ; une porte qui disparaît visuellement mais qui reste fermée pour le passage, et une glissade qui ne se termine pas et laisse Lara traîner par terre un moment, mais en dehors de ça, c’est du bon boulot de la part de Crystal Dynamics.

Respect Lara, tu m'as fait changer d'avis, même si tu tentes un peu trop fort d'amadouer le public "mature", je ne peux pas t'en vouloir car j'ai pris du plaisir avec toi ma chère, et tu as bien fait ton boulot de dégoteuse de perlouze anciennes. Reste comme ça, et la prochaine fois, traîne dans un endroit où il y a un peu moins de gros barbus agressifs, mais plus de tigres à dents de sabre.

est joueur depuis 1987. Joueur Hardcore Casual, même s'il passe des jours entiers de sa vie à jouer, il n'a jamais dépassé le niveau de votre petit cousin. Après avoir participé à l'émergence des LAN et du multijoueur avant les années 2000 et Counter-Strike, il ne jure plus que par les jeux solos, surtout les FPS.
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5 commentaires »

  1. Lara Croft est cool parce qu’elle bute des dinosaures en boom-boom short et qu’elle doit résoudre des énigmes tant techniques (comment monter en haut de la tour sans crever ?) qu’archéologiques (quelle clé vieille de 3500 ans me permettra d’ouvrir cette porte d’or ?). En d’autres termes, Lara Croft, c’est un peu le Vin Diesel des filles.

  2. Bizarrement ce Tomb Raider me laisse de marbre personnellement.
    La caméra épileptique m’épuise, les rattrapages in extremis automatiques ne font pas frémir et je ne parviens pas à avoir la trouille le moins du monde quand je sais que je suis capable d’éliminer la moitié d’une armée à moi tout seul à coup de piolet.
    On ne fait pas un jeu à l’ambiance survival en dotant l’héroïne de capacités totalement surhumaines.
    J’ai beaucoup apprécié les Uncharted, souffrant pourtant du même syndrome (sauf pour la caméra peut-être), mais eux n’essayaient pas d’insister sur les faiblesses inexistantes du perso principal.

  3. Moi qui n’ai jamais aimé Tomb Raider… il va peut-être être temps que je m’y mette.

  4. Premier Tomb Raider de ma vie, et celui-là est effectivement bon. Comme le test. Maintenant, comme je le disais ailleurs, une jauge d’endurance (un peu comme dans SOTC) serait peut-être pas mal, pour limiter le côté « Lara court en sprint durant 10 bornes avant de gravir une montagne de 100 m au milieu des bourrasques de neige sans avoir l’air épuisée ». Et oui, c’est vrai que les combats sont assez décevants sur la fin, et que ça manque de loups :)

  5. Je l’ai terminé. Voilà ce que j’en dis sur Sens Critique :

    Je n’ai jamais été trop fan de la série Tomb Raider. Allez savoir pourquoi, les trois premiers épisodes m’avaient rapidement ennuyé, je n’en avais terminé aucun, et puis la difficulté totalement abusée du troisième épisode m’avait passablement découragé à m’investir plus, tout le barouf autour du personnage m’agaçait, la maniabilité rigide me gonflait… bref je me foutais un peu de ce reboot.

    Et puis les trailers et autres présentations aidant, j’étais un peu intrigué finalement : exit le côté bimbo de l’héroïne, on met en avant son caractère plutôt que sa plastique, on renforce le côté « faible personnage malmené qui devient surpuissant dans l’adversité » et on la jette dans un univers rempli de dangers et d’ennemis. Le tout avec un nouveau moteur graphique qui démonte.

    Là-dessus, le contrat est rempli : le jeu est très beau, un peu trop balisé peut-être puisqu’il est possible de rusher le solo sans jamais effectuer la moindre recherche, mais dès lors que l’on cherche à accomplir un peu les objectifs secondaires il devient nécessaire de fouiner jusque dans les fameux tombeaux qui donnent son nom à la série.

    Du côté des personnages, on n’évitera pas les stéréotypes trop appuyés, entre le vieux baroudeur mentor de Lara, l’ambitieux qui trahira ses collègues et le maboule devenu prophète d’une armée de dégénérés. On regrettera également des QTE très (trop) présents au début de l’aventure, ce qui fait extrêmement peur pour la suite, mais quasiment absents au bout d’une heure de jeu, fort heureusement.

    On a souvent qualifié « Uncharted » de « Tomb Raider avec un mec » : on est ici en présence de l’exact contraire. C’est « Uncharted » avec une nana. La mise en scène est spectaculaire jusqu’à en faire trop : au bout de la deuxième séquence de « descente » on comprend qu’on risque de s’en taper 3 ou 4, ce qui ne serait pas un drame si elles étaient lisibles. J’ai bien dû mourir 3 ou 4 fois empalé par une barre de fer en pleine gorge sans jamais comprendre pourquoi. Les gunfights, par contre, sont largement plus agréables que dans le jeu de Naughty Dog. Nerveux, efficaces, et surtout incroyablement funs à l’arc, ils donnent au jeu un bon rythme sans être interminables. Les séquences d’escalade et d’exploration sont parfois l’occasion de puzzles sympa, mais jamais bien compliqués.

    Là où le bât blesse, c’est malheureusement au niveau de l’histoire et surtout de sa cohérence. Lara confesse que tuer un homme était « beaucoup trop facile », tellement facile qu’elle devient une machine à tuer digne d’un Predator sans exprimer le moindre remords. Elle grelotte de froid mais ne va jamais piquer une veste à ses agresseurs. Elle attend de trouver un Zippo pour cautériser une plaie alors qu’elle a une torche autonome depuis des heures. Les guerriers japonais zombis datent de plusieurs siècles mais savent ce qu’est une grenade et courent pour l’éviter. Lara peut tuer des dizaines de bestioles et même faire de la cueillette mais on ne lui demandera jamais de s’alimenter puisque la vie est en auto-regen. Et puis l’histoire se perd un peu, entre soldats japonais bloqués sur l’île, d’autres américains, une famille avec des enfants dont on retrouve les jouets mais dont on entend plus parler ensuite… Plusieurs petits trucs bêtes qui peuvent gâcher l’expérience et auxquels il vaut mieux ne pas trop faire attention sous peine de complètement sortir du trip.

    Bref, un bon jeu, peut mieux faire, mais les encouragements du jury.

    Sinon ça n’étonnera pas grand monde : le jeu a moins de six mois et son multiplayer est déjà complètement désert.

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