On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Safari infernal • Editeur: Atlus • Date de sortie: 7 Octobre 2009

Demon’s Souls

Par • le 6/11/2009 • À la une, PlayStation 3, Tests & previews • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais j’ai de plus en plus le sentiment que les jeux vidéo nous prennent par la main et nous guident sur un chemin tout tracé, ils nous pardonnent aisément nos erreurs en nous ramenant à quelques mètres de notre défaite, ils nous donnent des indices si on tourne en rond pendant à peine 30 secondes et nous récompensent généreusement avec de jolis effets visuels.

Chez From Software, ils ont dû se dire « Au diable ces conneries ! Un jeu doit être difficile, sans pitié et impardonnable. Une victoire, ça ne se décerne pas au premier guignol capable d’aligner trois quick time events, ça se mé-rite ! » comme le prouve leur dernier jeu sorti récemment aux US en exclusivité sur PS3 : Demon’s Souls.

Démons et merveilles

On retrouve les grand classiques...

Le royaume de Boletaria est dans la merde jusqu’au cou, c’est le moins qu’on puisse dire. Le roi Allant, corrompu par le pouvoir des démons, a réveillé « l’ancien » et par la même occasion plongé son royaume dans un brouillard épais rempli de monstres assoiffés d’âmes humaines. Le joueur incarne un simple guerrier parti s’aventurer dans la brûme en quête de gloire, de richesses et de nouvelles têtes à empailler au-dessus de sa cheminée.

Le jeu démarre par la conception de son personnage. On se choisit un nom, un sexe, une classe et si vous avez le courage de bricoler l’excessivement complexe éditeur, un visage. Le choix du sexe n’est pas entièrement esthétique puisque quelques armures ne peuvent être portées que par des hommes et vice-versa. Le choix de la classe quant à lui ne détermine que les statistiques et l’équipement avec lesquels votre personnage démarre l’aventure, son évolution revient entièrement aux choix du joueur mais j’y reviendrai plus tard.

Une fois le personnage créé, l’aventure commence par un court niveau servant de tutoriel et à l’issue duquel vous mourrez. Vous m’avez bien lu.

Le hic, c’est qu’à Boletaria la mort n’est pas la fin. Le royaume refuse de vous laisser partir et toutes les âmes des morts se retrouvent emprisonnées dans le Nexus, le centre du royaume qui servira de hub. Votre objectif devient donc de tuer les démons de Boletaria pour retrouver votre forme corporelle, être libéré du Nexus et accessoirement sauver le royaume.

Le scénario n’est qu’un prétexte pour tuer du démon. Il introduit rapidement l’univers et nous place dans l’ambiance, mais ne vous attendez pas à un quelconque retournement de situation. A part pour quelques monologues au début et à la fin, le jeu n’est interrompu par aucune cinématique, ce qui plaira certainement à tous les joueurs fatigués de voir plus de cinématiques que de gameplay dans les blockbusters récents. D’ailleurs, connaissant le studio, c’est probablement une bonne chose (ceux qui ont joué à Enchanted Arms savent de quoi je parle)…

Le jeu est composé de cinq vastes niveaux que l’on peut faire dans n’importe quel ordre. Chaque niveau est divisé en quelques sections et chaque section se termine par un boss généralement trois fois plus grand que le joueur, souvent plus. Pour espérer avoir une chance de survivre, il faut savoir se battre.

Démons et marées

...et d'autres moins communs...

Le système de combat est le point fort du jeu. Il est très similaire à celui employé dans tous les Zelda en 3D. Une simple pression sur le bouton R3 permet de verrouiller la caméra sur un ennemi, maintenir L1 permet de lever son bouclier, R1 et R2 servent respectivement à effectuer des attaques rapides et des attaques lourdes. Et le bouton O permet de faire une roulade pour esquiver les attaques.

Il y a néanmoins deux différences fondamentales avec Zelda :
D’une part, les ennemis ne se laissent pas faire DU TOUT…
D’autre part, en plus des habituelles barres de vie et de magie, le joueur possède une barre d’endurance. Chaque action effectuée (attaquer, rouler, bloquer un coup) consomme de l’endurance. Lorsque la barre est vide, on ne peut rien plus rien faire. La barre d’endurance se recharge rapidement et automatiquement lorsqu’on ne fait plus rien, mais elle se recharge beaucoup plus lentement si on garde le bouclier levé, et si on bloque un coup avec un bouclier alors que la barre d’endurance est vide, on se retrouve paralysé pendant une ou deux secondes, ce qui est amplement suffisant pour mourir.

C’est un système simple à prendre en main mais difficile à maîtriser et qui se renouvelle pendant tout le jeu en introduisant un grand nombre de démons divers et variés chacun ayant des coups différents, une tactique différente et des faiblesses différentes. Chaque arme du jeu se manie plus ou moins rapidement et fonctionnera plus ou moins bien sur tel ou tel démon. On a aussi accès à diverses magies, arcs et arbalètes pour se battre à distance. Il y a donc une multitude de stratégies à employer et il faut apprendre à s’adapter à toutes les situations.

Chaque démon tué donne des âmes qui servent à la fois de points d’expérience et de monnaie. Dans le Nexus on peut échanger ces âmes contre des objets, des armes, des sortilèges ou des miracles chez le forgeron, le magicien et le prêtre. Il est également possible d’apporter divers matériaux au forgeron pour que celui-ci améliore la qualité des armes. Il y a une grande variété d’armes, de boucliers et d’armures trouvables ou forgeable. Notez tout de même que si vous portez trop d’équipement lourd et que votre niveau de force est trop bas, votre personnage ne pourra plus courir, voir sera totalement incapable de bouger si le surchargez complètement.

On peut aussi aller voir une mystérieuse femme vêtue de noir qui augmente nos caractéristiques en échange de nos âmes de démons. C’est là que le joueur contrôle complètement l’évolution de son personnage car même si vous avez commencé en tant que Barbare vous pouvez très bien décider d’augmenter vos points de magie et vous orienter vers la sorcellerie. Néanmoins, à chaque amélioration, le prix des services de la jeune femme en noire augmente, il faut donc choisir judicieusement vers quel genre de personnage on veut s’orienter.

Démons et Cristaux

... et vous allez mourir...

La particularité du jeu qui risque de rebuter un grand nombre de joueur est la difficulté presque digne d’un jeu NES de la bonne vieille époque. En effet, lorsqu’on meurt, on perd l’intégralité des âmes de démons amassées (et il est impossible de les stocker dans une banque), le jeu nous renvoie au tout début du niveau et tous les ennemis réapparaissent. Il est toutefois possible de récupérer les âmes perdues à condition de retrouver son cadavre. Mais si on meurt à nouveau avant de ramasser sa carcasse, les âmes perdues disparaissent pour toujours. Je ne vais pas le cacher, c’est incroyablement frustrant.

Rappelez vous dans Castlevania sur NES quand vous traversiez l’abominable couloir rempli d’armures et de têtes de médusas volantes pour arriver devant la mort avec seulement le quart de votre barre de vie. Inévitablement, vous mouriez et vous deviez refaire toute la section depuis le début, sans coeurs, sans arme secondaire et avec un fouet rétréci. Demon’s Souls est presque aussi frustrant. En outre, le jeu a un système de sauvegarde automatique et obligatoire qui enregistre chacune de vos actions. Il est donc impossible de remonter dans le temps en chargeant une partie antérieure (et pour les petits malins, non vous ne pouvez pas copier votre sauvegarde en dehors du jeu, l’accès en est interdit).

Oui, toutes ces herbes de soin que vous avez gaspillées avant de mourir misérablement aux mains du boss sont perdues pour toujours.

N’allez pas croire pour autant que le jeu soit impossible. Lorsque vous mourrez vous ne pourrez vous en prendre qu’à vous-même. Le jeu n’est jamais injuste et les bugs de gameplay sont rares (et j’ai cru comprendre que la plupart sont corrigés dans les dernières mises à jour mais je n’ai pas pu le constater moi-même, je suis dans l’incapacité de brancher ma PS3 en ligne). Demon’s Souls est une question de mémorisation et de réflexe. A force d’essayer et de réessayer les niveaux, on mémorise la position des ennemis et on réfléchit à la meilleure stratégie pour les éliminer. Les niveaux sont dans l’ensemble relativement linéaires mais certains offrent des chemins alternatifs et des raccourcis qui peuvent être ouverts pour ne pas avoir à refaire tout un passage lorsqu’on meurt.

L’un des moments les plus difficiles est sans aucun doute le début. Lorsque l’on arrive dans le Nexus pour la première fois, seule la première section du premier niveau est ouverte et ce n’est qu’après l’avoir terminé que la jeune femme en noire apparait pour augmenter les caractéristiques du personnage. Une fois cette épreuve passée, il est toujours possible de faire un peu de levelling pour augmenter ses chances de réussite. Des sortilèges et des armes plus utiles deviennent disponibles et les options du joueur en général s’élargissent.

Visuellement le jeu se défend assez bien. On est très loin du niveau de détails d’Uncharted ou de Metal Gear Solid 4, mais Demon’s Souls s’en sort avec des décors impressionnants et surtout cohérents. L’univers et les créatures peuvent paraître un peu trop génériques au début, mais ils sont bien maîtrisés et font plaisamment le tour des clichés de l’héroic-fantasy médiévale sombre tout en rajoutant quelques surprises ici et là. Au cours du jeu, on traverse, entre autres, une immense forteresse, une mine à rendre n’importe qui claustrophobe, un marais dégueulasse à en gerber et une des prisons les plus glauques que j’ai vues dans un jeu vidéo. La bande son quant à elle convient très bien à l’ambiance du jeu avec des effets sonores très convainquant et non accompagnés de musique pour renforcer l’atmosphère des niveaux. Les quelques musiques présentes surviennent lors des boss qui sont imposants voir effrayants. Certains m’ont presque donné l’impression de rejouer à Shadow of the Colossus.

Démons et Carlos

... trèèèèèèès souvent...

Pour finir, parlons du mode en ligne qui est atypique. Il n’y a aucun moyen d’inviter ou de rejoindre des amis précis, la difficulté du jeu n’est pas affecté par le nombre de personnages dans la même partie et le seul moyen de communiquer entre joueurs est une courte liste de gestes de la main. Concrètement, si la console est branchée à Internet, le jeu se connectera automatiquement en ligne qu’on le veuille ou non. Durant le jeu, on peut apercevoir des fantômes blancs qui parcourent les niveaux. Ces fantômes sont en réalité d’autres joueurs faisant le même niveau que vous mais naviguant dans leur propre « version » du niveau. Ces mêmes joueurs laissent des taches de sang sur le sol lorsqu’ils meurent. En les touchant on peut revoir les dix dernières secondes de leur vie et ainsi apprendre ce qui les a tués pour éviter de subir le même sort. De plus, on peut laisser sur le sol des messages pré-écrits visible par tout le monde pour prévenir d’un danger ou donner de fausses informations.

Après avoir vaincu le premier boss, on obtient des pierres magiques qui permettent de pénétrer dans le monde d’un autre joueur soit pour l’aider, soit pour le tuer. Attendez vous donc à être envahi sans prévenir par n’importe quel inconnu mal intentionné. Il me semble toutefois qu’il vous est impossible d’entrer dans le monde d’un joueur ayant plus de 10 niveaux d’expériences de différence avec le votre. Je n’ai pas pu tester les fonctionnalités en ligne mais le jeu semble avoir été conçu pour fonctionner avec à tout moment, de la même manière que Diablo est un très bon jeu offline mais tout son potentiel n’est accessible qu’en ligne.

Le jeu en soi n’est pas très long, on peut théoriquement traverser tous les niveaux en une dizaine d’heure, mais la difficulté peut doubler voir tripler la durée de vie selon vos d’aptitudes et le jeu en ligne avec son mode PVP activé en permanence booste la vie du jeu encore plus. Il y a aussi une belle collection de trophées à obtenir en trouvant tous les objets rares, les joueurs atteints de collectionnite aigüe seront donc satisfaits.

En conclusion, Demon's Souls est un jeu nouvelle génération dans la forme et vieille école dans l'âme. Son atmosphère est merveilleuse, son gameplay est ingénieux et élégant, et sa difficulté est brutale. Il punira votre ignorance et votre incompétence sans aucune pitié. Mais chaque minute de survie est une victoire, chaque boss vaincu un triomphe. C'est un must have de la Playstation 3 venu de nulle part pour tous les joueurs qui regrettent la difficulté des bons vieux Castlevania, Zelda et autres Ghosts'n'Goblins. Le jeu n'est pas sorti en Europe et aucune date n'est annoncée, il vous faudra donc chercher sur votre site d'importations préféré, mais hésitez pas, Demon's Souls vaut largement le coup.

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est joueur depuis 1989. Né avec un(e) gameboy dans les mains, ce joueur hardcore masochiste et élitiste démarre toutes ses parties en mode difficile et laisse sa frustration briser ses manettes.
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7 commentaires »

  1. Grmbl entre ça et 3D Dot Game Heroes je vais définitivement devoir céder et acheter une PS3 :(

  2. Je plussoie énormément ton avis, je l’ai reçu lundi et depuis je n’en décroche plus.

    Le mode en ligne est un véritable plus sur ce jeu, tant il prévient de nombreuses morts grâce aux taches de sang et aux messages (d’ailleurs je rajoute que le fait de recommander un messager redonne de la vie à son auteur, ca fait toujours plaisir).

    Quelques précisions sur le concept de forme :
    – lorsque l’on renait sous la forme fantôme, on n’a que 50% de sa barre vie au maximum (75% avec un anneaux qu’on trouve dans le premier niveau). Le seul moyen de regagner sa forme physique étant de tuer un boss ou d’utiliser un item spécial.
    – en forme fantôme, on fait légèrement plus de dégâts.
    – en forme fantôme, on peut être invoqué en tant que fantôme bleu pour aider un joueur (alors hôte en forme physique), ou alors envahir son monde en tant que fantôme noir. Et regagner sa forme physique en cas de victoire.

    Ça m’est arrivé hier soir : première invasion par un fantôme noir alors que je venais d’entrer dans un niveau. S’en est suivi un combat intense duquel je suis sorti victorieux (et la bourse un peu plus remplie de Souls) :D

    Il y a aussi un mode PvP sans risque (rien à perdre ou à gagner) mais il faut une pierre spéciale pour ça.

    Il y a aussi le système de « World tendency », qui est en fait une sorte « d’alignement » d’un monde qui change selon les actions du joueur. Si on meurt en forme physique, qu’on tue un PNJ innocent, le monde en question deviendra plus noir. Si on tue un boss, le monde devient plus blanc.

    La conséquence de cet alignement consiste en des ennemis plus forts, mais qui donnent plus d’xp (noir), ou plus faibles (blanc), des portions de niveaux qui s’ouvrent et se ferment, des dragons qui s’en vont et laissent leur loot sans défense, etc.

    Donc désolé Kwyxz, mais oui, tu va devoir céder :]

  3. Voilà effectivement un jeu qui me donne envie de me mettre aux consoles Next-Gen.

    Sinon, bienvenue à Ragny :)

  4. Salut,
    Merci pour ce test !
    Par contre je voulais savoir, pour une exclu US vous faites comment vous ?
    En Import ? Ya pas de prob de compatibilité ? Vous passez par quel vendeur ? Je commence tout juste à m’essayer à l’import UK par Amazon…
    Merci d’avance !
    Greg.

  5. Sony a eu la bonne idée de ne pas zoner les jeux de PS3. Tu peux donc acheter des jeux US et JAP et les jouer sur ta PS3 européenne.

  6. @Greg moi j’ai acheté mon exemplaire sur http://www.axelmusic.com/

  7. Bienvenue aussi.

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