On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

De fric et de Brock

Par • le 13/6/2008 • Entre nous

Si vous ne vous intéressez que vaguement au monde des jeux vidéo multijoueurs en ligne, vous n’avez probablement jamais entendu parler de Brock Pierce. Et même si vous jouez régulièrement à un MMO vous n’en avez probablement jamais entendu parler non plus. Mais vous aurez certainement déjà entendu parler de ses employés.

Brock Pierce est né en 1980 et sa carrière démarre par des petits rôles pour la télévision, dans des productions estampillées Walt Disney. Jusqu’à la fin des années 90, il apparaîtra dans divers téléfilms en tant que second rôle, puis deviendra producteur. C’est avec l’arrivée des dotcom que Brock trouve sa voie, et co-fonde avec Mark Collins-Rector et Chad Shackley Digital Entertainment Network, une société de streaming vidéo online. Bien que la société ne produise pas grand chose (elle propose des programmes tiers dans trois formats différents), elle lève 72 millions de dollars lors de sa création. A 18 ans, Brock Pierce gagne $250 000 par an et possède 1% du capital de la compagnie. Mais alors que la bulle éclate en 2000, le vent tourne pour notre golden-boy: lui et ses associés sont accusés par d’anciens employés de diverses menues choses… Harcèlement sexuel, tentatives de viol, usage de stupéfiants et menaces armées. Si l’on ajoute à ce cocktail que Collins-Rector, principal associé de Pierce, est déjà accusé de relations sexuelles avec des mineurs et considéré comme « délinquant sexuel » en Floride, on constate qu’à l’époque on savait vivre. Nos trois héros laissent leurs employés sur le carreau et prennent courageusement la fuite vers l’Espagne.

Pourquoi nous intéresser à Brock Pierce, vous demandez-vous peut-être ? Eh bien parce qu’après avoir été arrèté avec ses complices par la police espagnole, extradé vers les USA et lavé de tout soupçon (seul Collins-Rector sera condamné), Pierce fonda IGE, Internet Gaming Entertainment, l’une des plus grosses boîtes de gold-farming américaines, sur laquelle l’équipe de Lundi Investigation (Canal+) a enquêté. La spécialité d’IGE est de faire bosser des sous-traitants chinois, payés une misère, quand ils le sont, entassés dans des appartements précaires et aux conditions de vie rappellant étrangement celles des détenus dans une vulgaire prison. C’est édifiant, et même ahurissant lorsque l’on voit ce qu’il se produit apparemment régulièrement dans les locaux d’IGE à Shanghai. Je ne vous gâte pas la surprise, voyez-vous mêmes:


Jeudi investigation 4/4 Les forçats du cybermonde 291107

Aussi, à chaque fois que vous rencontrerez un chinese farmer dans un MMO quelconque, n’oubliez pas avant de l’insulter que quand lui passe des heures sur le jeu à farmer pour se payer une soupe, un type, le cul confortablement posé sur sa chaise dans son paisible bureau des USA, se gave allègrement de dollars. Et si jamais vous êtes un jour tenté de payer pour du power levelling, demandez-vous si vous avez vraiment envie de voir prospérer ce genre de négriers des temps modernes, qui sont la source d’à peu près toutes les nuisances pourrissant les MMO, et même Internet en général: ces mecs sont les premiers clients des spammeurs.

Dans un prochain article, je vous parlerai de la formidable histoire de Bo Stefan Eriksson, l’homme derrière la Gizmondo.

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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3 commentaires »

  1. Sans vouloir trop troller, est-ce que le farming n’est pas consubstantiel au genre MMO et a son aspect social ?

  2. Non, pas au genre MMO en général, mais au genre MMORPG diablo-like dont le jeux basent leur intérêt sur la qualité du matos que tu as personnellement. C’est la frange la plus populaire actuellement, parce que c’est immédiatement gratifiant, et qu’il n’y a pas la contraite du role-play, mais ce n’est pas le cas de tous les MMO.

  3. Stuffé d’une battle-axe 88 dps improved en critical strike, l’étoffe de sa requête eut été garnie d’un panache de bon goût ; petit clin d’œil polisson à ces voyous de donneurs d’ordres.

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