On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Real-time third-person beat'em all strategy shooter. Ouh yeah. • Editeur: Electronic Arts • Date de sortie: 16 octobre 2009

Brütal Legend

Par • le 15/11/2010 • PlayStation 3, Tests & previews, Xbox 360 • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

C’est dur, la vie de roadie. Rester dans l’ombre d’un groupe de tocards, se faire bourrer au moindre problème mais être oublié quand tout roule… c’est dur. C’est encore plus dur quand on est mort.

When « legendary » wasn’t an unfunny catchphrase yet

Si le nom de Tim Schaffer ne vous dit rien, vous avez déjà le droit d’avoir un peu honte, mais peut-être avez-vous déjà entendu parler d’une de ses productions: le Monsieur est à l’origine des dialogues des deux premiers Monkey Island, a travaillé sur Day of the Tentacle, mais ses vraies créations sont Full Throttle, Grim Fandango et plus récemment, Psychonauts. Tout joueur depuis 198x a au moins déjà entendu parler de ces jeux en des termes élogieux, du genre des légendes que l’on évoque la larme à l’oeil, ces titres d’une époque révolue dont les descendants et héritiers n’ont jamais eu l’aura et ont perdu l’âme, ah, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne… enfin bref, vous voyez le topo. Le problème de Tim, c’est que si ses créations sont quasi-unanimement saluées par la critique, elles sont rarement de réels succès publics, pour des raisons qui m’échappent quelque peu puisqu’il n’est jamais question d’élitisme ou de gameplay complexe dans ces jeux et que tout un chacun peut s’amuser au sein de leurs univers. Le développement de Brütal Legend a d’ailleurs tellement fait peur à son éditeur initial (Activision, suite à la fusion avec Vivendi Games) que le jeu aurait pu être abandonné si Electronic Arts n’avait pas repris le projet sous son giron ce qui donnera lieu par la suite à une passionnante bataille judiciaire à l’initiative d’Activision, tellement passionnante que j’en ai envie de bailler.

Live in the shadows

Eddie Riggs est roadie et à son grand désarroi, le rock n’est plus constitué que de groupes de gringalets plus prompts à dégainer une platine ou un clavier qu’à faire cracher un riff monstrueux à une guitare aux effets over saturés. On le voit donc servir la soupe à un énième ersatz de Linkin Park jusqu’à ce qu’une de ces midinettes joue un peu trop au mariole, se retrouve en danger, et se fait sauver la vie par Eddie qui se retrouve aplati par un élément de décor. Mais une mystérieuse broche, cadeau de sa défunte maman, s’active alors et le propulse dans un univers étrange, fait de démons, de squelettes, de guitares électriques, de légendes du rock et de bonnasses émo. Eddie s’arme très vite d’une guitare lui permettant de figer sur place ses adversaires à grands coups de riffs électrisants et d’une hache afin de fendre le crâne des vilains pas beaux. L’univers est superbe, le design très réussi, la direction artistique est inattaquable. La bande-son est constituée de gros classiques du métal et on prend plaisir à se balader dans l’univers au gré des délicates mélodies d’un bon vieux morceau de Prong. Le titre montre par contre très vite ses limites: si l’on sait dès le départ que Brütal Legend n’est pas un « simple » beat’em all, on s’émeut tout de même un peu de constater aussi rapidement les limitations du gameplay. C’est amusant certes, mais un peu brouillon, pas bien précis, les combos semblent sortir un peu au hasard et les attaques des ennemis sont mal coordonnées, on a un peu l’impression qu’ils sont là pour la déco et attendent de se faire défoncer… jusqu’à ce qu’arrive le premier mini-boss.

(Not) the best game in the world (Tribute)

La guitare ne sert pas qu’à balancer des riffs ravageurs sur les adversaires: elle permet aussi de lancer des solos aux effets divers et variés. L’un d’eux permet d’invoquer une rutilante bagnole, que l’on pilote lors de ce premier combat au rythme frénétique. Car Brütal Legend c’est aussi ça, de petits coups de speed arrivant parfois comme un cheveu sur la soupe et rompant avec la monotonie du pilotage et du démembrage de démons. Les diverses rencontres avec les personnages gravitant au sein de cet univers déjanté seront aussi l’occasion de petits moments de bonheur, puisque des légendes du métal sont de la partie: Lemmy Kilmeister de Motorhead ou Ozzy Osbourne de Black Sabbath pour ne citer que les plus connus, et ils assurent eux-mêmes le doublage de leurs personnages pour encore plus de plaisir. Brütal Legend serait-il le petit bijou d’action et de fun attendu ? Il subsiste malheureusement un problème de taille: les batailles finales à la fin de chaque chapitre se jouent façon RTS. Et c’est là que le bât blesse: à la manette, c’est assez pénible et mou. Comme dans tout jeu du genre il est nécessaire de farmer des ressources, représentées ici par des fans attirés par des merch booths. Lorsque le nombre de fans suffisant est atteint, Eddie peut invoquer diverses troupes (il débloquera les types de troupes disponibles tout au long de l’aventure solo) qu’il va ensuite diriger en se déplaçant dans les airs et en leur donnant des ordres criés. Pour les plus connaisseurs, l’équipe dit s’être basée sur Herzog Zwei, un vieux jeu Megadrive qui avait eu son petit succès à l’époque. Il est évidemment nécessaire d’être à proximité des troupes à qui l’on veut envoyer des ordres, ce qui provoque de fréquents allers-retours fastidieux entre la ligne de front et le point de spawn des nouvelles unités. Ajoutez à celà que le CPU triche et vous comprendrez que ces passages sont plus proches de la torture que du réel plaisir… ce qui forcément fait retomber l’enthousiasme.

Malgré un paquet de bonnes idées, Brütal Legend rate le haut du podium, la faute à un gameplay mal fichu lors des phases de beat'em all et à la limite du supportable lors des phases de STR. L'ambiance hard rock et les vannes de Jack Black font cependant mouche et permettent d'y passer un bon moment, l'aventure est un peu courte, et le mode multi ne fait que prolonger la souffrance tant il est peu jouable et frustrant. Un jeu qui a très très vite baissé de prix, pas besoin d'avoir fait Harvard pour comprendre pourquoi, et c'est tant mieux: il ne valait certainement pas 70 Euros, mais à moins de 20 on peut sans complexes se laisser tenter.

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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6 commentaires »

  1. C’est vrai qu’il n’est pas exceptionnel, mais je me suis bien amusé malgré tout.
    Sinon, on comprend mieux le concept de ressources/fans quand on traduit « Merch booths » par « Stand de goodies » ;)

  2. J’ai toujours dit merch à force de fréquenter les sites de fanclub de groupes divers, je pensais que la traduction ne s’imposait pas et que c’était compréhensible d’emblée :/

  3. Ce qui m’a agacé le plus c’est la bataille final qui est programmée n’importe comment.

    En bon vétéran de Zergling RUSH et de stratégie Blitzkrieg, j’ai essayé de démolir les deux objectifs le plus vite possible. Et à chaque fois je me suis fait écraser par l’adversaire. J’ai mis du temps à me rendre compte pourquoi. L’IA ne respecte plus les règles dans cette bataille, elle fonctionne par phase. Lorsque les deux piliers sont toujours debout elle n’envoie que quelques petites escouades de merde qu’on peut pulvériser facilement tout seul, mais à partir du moment où un pilier tombe, elle balance tout plein de grosses unités bourrines sur le terrain.

    En bref, la seule manière d’aborder la bataille est de prendre gentillement son temps pour constituer une armée géant et ENSUITE attaquer, ce qui est complètement stupide.

    Au final, j’ai surtout une impression de pas fini. On passe toute la deuxième moitié du jeu à combattre les mimes et paf d’un seul coup le boss de fin et son armée rappliquent comme un cheveux sur la soupe comme si on leur avait coupé le budget et qu’il fallait terminer le jeu à l’arrache. Et c’est surement ce qui s’est passé vu que l’éditeur d’origine était Activision.

  4. C’est un peu le drame des jeux made in Tim Schaffer : un univers, un design et des idées a nul autre pareil. Mais une réalisation et un gameplay poussif… enfin pour la partir feedback quoi (ou « maniabilité » mais c’est quand meme tres tres moche comme mots).

  5. Je confirme la frustration sur la bataille finale. Ça m’a tellement gonflé (en plus je suis plutôt mauvais en RTS) que j’ai fini par mater la fin sur youtube.

  6. J’ai chopés des masses de musiques avec ce jeu! Pour ceux qui aiment le métal, le vrai, pas le fake, achetez le et prenez vous la tronche a trouver toutes les zouz, ou matez les sur youtube. L’intégrale des morceaux du jeu est également disponible en version tout a fait illégale… Vous ne ferz que faire perdre de l’argent a des groupes morts pour la plupart, et a d’autres, encore en vie, qui en ont tellement qu’ils sont obligés de le caser dans le cul de leur banquier tellement ca déborde.

    Et pas de Metallica! (True Metal!!)

    Pour le jeu, oui, il est quand même un peu frustrant.. Si j’était pas du genre a finir les jeux a 100%, ca m’aurait foutu les boules de le finir aussi vite. Dja que douze heures de jeu, a 100% en difficile, cpas énorme..

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