On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: loli-goth onirique • Editeur: EA / Spicy Horse • Date de sortie: 16 Juin 2011

Alice : Retour au Pays de la folie

Par • le 30/6/2011 • À la une, PC, Tests & previews • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Nous les vieux qui sommes dans la force de l’âge, nous comptons dans nos amis maintenant plus de parents que de copains aux cheveux longs avec des t-shirts Iron Maiden, et c’est bien dommage, il nous faut penser un petit peu à des jeux pour jouer avec notre gentille progéniture. Non je ne parle pas d’Heavy Rain, si je voulais une simulation d’enfant chiant, j’aurais des enfants chiants, non, je parle bien d’Alice Madness Returns, spécialement dédié aux papas qui veulent initier leur petit adolescente emo-loli-goth de 15 ans à du jeu vidéo de qualité.

/!\ Attention titre de paragraphe jamais utilisé dans aucun test de ce jeu nulle part ailleurs /!\

Alice, ça glisse

American McGee est un américain (duh !) surtout connu pour avoir claqué la porte d’iD Software pour bosser sur des projets persos comme le-jeu-qui-porte-son-nom’s Alice, très attendu en son temps par les curieux du changement dans un monde de jeux de gros marines de l’espace qui tirent des roquettes. Force est d’avouer que plutôt que d’avoir conquis un large public, le jeu pas trop facile, pas bien fini dans les coins en a dissuadé plus d’un, mais a su ravir qui osait aller fouiller un peu plus la richesse artistique et visuelle du titre. Surtout les gonzesses, donc.
Alice Madness Returns sort donc 11 ans après encore une fois au milieu de grosses productions sans âmes et ose poser ses grosses testiboules artistiques sur le bureau et dire « ok THIS is art ». Malheureusement depuis, les petites gothic-lolitas fleurissent dans nos rues, le steam punk vomit de partout ses grosses lunettes et son esthétique victorienne, il est donc dur de nous sortir un produit original qui ne ressemble pas à un truc ciblé directement pour l’adolescente perturbée qui hante les collèges de Saint Trouzette-sur-Aryen et Cephalorachidien-sur-Jouasse. D’ailleurs, il faut reconnaître une grande valeur à moi-même, qui après 30 minutes de jeu, ai osé continuer histoire de passer outre cette idée qui rend sale et cette impression honteuse de jouer avec une petite fille, et j’en suis assez fier, car au-delà de l’esthétique dont je vous parle, on trouve des petits détails sacrément MERVEILLEUX qui montrent qu’un directeur artistique avec des copains compétents peut carrément sauver un jeu.

Le Pays des Merveilles

Le personnage principal d’Alice Madness Returns n’est pas celle qu’on croit, Alice, reléguée au rang de poupée dont la robe change joliment avec chaque partie de son imagination qu’elle visite, n’est là que pour parcourir un univers attachant et coloré, tantôt effrayant, tantôt merveilleux, avec des passages sortis de longues nuits sous LSD en trip collectif à réciter des prières à Krishna, et d’autres d’une exposition un peu trop prolongée à des cadavres ou des dissections dans la plus sombre cave d’une faculté de médecine anglaise du XIXe siècle. On fait donc évoluer Alice qui ressemble un peu à ces poupées freaky japonaises dans un monde qui oscille entre plateformes au milieu d’un grand vide (avec des trucs jolis en background au loin) et salles où une phase de combat est nécessaire pour continuer. Il faut quand même avouer que même si la direction artistique est très inspirée, certaines textures et certains passages sentent bon les années 2000, et on peut passer d’une salle richement ouvragée et fournie à un couloir marronâtre, vide et salement anguleux comme on pensait ne plus en voir de nos jours. Du coup ça me chafouine sévèrement, je pense que dans l’absolu le jeu est BEAU, mais si on y regarde de plus près, il est techniquement assez pauvre.

Mangez-moi mangez-moi mangez-moi

Jouer à Alice reste pourtant une très bonne expérience, la petite peut sauter plusieurs fois et planer, certaines phases de plateforme exigent un peu de timing, et on peut aisément tromper la facilité en tentant triple jumps tricks dans ta face. Un petit lot d’objets à collectionner sont répartis dans les niveaux, notamment des passages audio qui aident un peu à saisir la merde dans laquelle Alice se trouve dans le monde réel, et pour y accéder, le plus souvent il faudra faire appel à son pouvoir de super vision ninja qui révèle passages, plateformes et messages rédigés sur les murs, comme si on utilisait la lumière noire des mecs de CSI. Ce pouvoir est aussi utile car il sert un peu d’aide pour les plus faibles d’entre-nous (ta petite soeur loli-goth) en révélant le chemin si jamais on est perdus (ce qui a très peu de chances d’arriver), il est aussi infini donc on a vite fait d’en abuser.

LAAAAAAPIN

Au milieu des plateformes, Alice sera régulièrement ennuyée par des monstres creepy à tête de poupée (hiiiiiii) qui pourront se révéler bien coriaces même au niveau de difficulté moyen, pour se défendre, elle trouvera sur son chemin quatre armes différentes, deux de contact, deux à distance, qu’il faudra combiner pour venir à bout de certains petits insectes vicieux. Là encore, le bestiaire est visuellement inspiré, des amas gluants de pièces de poupées, des soldats-cartes à tête de mort, mais peu variés sur la durée, bien qu’on en trouve un à deux nouveaux par chapitre, on se retapera jusqu’au boss de fin encore des zozos qu’on a affrontés tout le long du jeu depuis le premier chapitre, ça sent un peu le recyclage.
On peut upgrader en puissance les armes en ramassant et dépensant des dents (eeeeerrrrk) droppées par les méchants et éparpillées un peu partout ; si vous êtes un joueur normalement constitué, vous aurez les quatre armes à leur niveau maximum avant d’aborder le dernier chapitre, si vous êtes un leet-player même avant, et comme ces dents font partie des objets que l’on peut récupérer dans des lieux secrets, ça démotive ensuite de fouiller tous les recoins … MAIS ! Ne négligez-pas non plus de vous faire une bonne collection car OH SURPRISE, Alice Madness Returns possède un New Game + une fois le premier run terminé, et il vous sera alors possible d’utiliser toutes vos armes upgradées, mais aussi de nouveaux costumes débloqués qui permettent par exemple de prendre des dommages sur son stock de dents plutôt que sur sa barre de vie.
La barre de vie (vous avez vu comme je dis souvent barre de vie ? bizarre …) justement d’Alice est composée de pétales de roses qui se vident à chaque coup reçu, et dont on pourra gagner un slot supplémentaire en trouvant des gros coquillages secrets qui renferment des défis (faciles), et possède un mode spécial, qui lorsqu’il vous reste seulement quelques pétales, vous permet d’entrer en RAGE (fuuuuuu) et d’attaquer les monstres alentours avec force et sans subir de dégats pendant quelques secondes. Si tu oublies de déclencher ta RAGE, ben tu meurs comme un caca. Mais c’est pas grave il y a les vies infinies.

Le chat du cheshire chie du sang sans sécher ses chaussettes (c’est dur à dire)

Alice Madness Returns, c’est un peu la petite soeur à peine pubère de Bayonetta, et pour brosser dans le sens du poil le joueur averti qui ne se laisserait pas amadouer par les jolies choses qu’on lui présente, les développeurs ont rajouté dans chaque chapitre une petit phase de jeu *surprise* inspirée des bons vieux jeux d’antan, inspirée je dis car il faut bien avouer qu’elles sont plutôt anecdotiques, mais rajoutent à ce sentiment qu’on ne nous veut pas du mal, bien au contraire, et qu’il faut parfois laisser tomber ses défenses de vieux grigou du jeu vidéo et apprécier un produit avec plus de personnalité que 80% de la production de gros studio actuelle. Seulement voilà, en 2011 avec la multitude de jeux indépendants ingénieux et plein de personnalité justement, il est difficile de convaincre les joueurs exigeants. Alice est un produit bâtard entre le jeu pour adolescente et le jeu pour joueur, si j’étais un bon gros macho qui pue des poils, je dirais que c’est un jeu pour joueuse, et j’espère que les nombreuses filles de notre lectorat (salut Lauré) ne m’en voudront pas d’oser l’étiquetage par genre.

Le jugement du coeur revient donc à ce jeu qui vous fera passer 15 agréables heures dans la peau d'Alice Lidell et de son Pays des Merveilles, pour peu que l'on fasse l'effort de se laisser emporter dans un univers tordu et onirique dans la parfaite lignée de son prédécesseur.

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est joueur depuis 1987. Joueur Hardcore Casual, même s'il passe des jours entiers de sa vie à jouer, il n'a jamais dépassé le niveau de votre petit cousin. Après avoir participé à l'émergence des LAN et du multijoueur avant les années 2000 et Counter-Strike, il ne jure plus que par les jeux solos, surtout les FPS.
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Un commentaire »

  1. Très bon test et je partage totalement ton point de vue.

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