On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Jean-Sébastien Joute

Par • le 16/1/2013 • Entre nous

Les participants forment un cercle dans la pénombre et s’observent, se jaugent. Une voix gutturale lance « Joust ! » et chacun tente alors de conserver la vision périphérique la plus large possible. De ne jamais, ô grand jamais, perdre le moindre des autres joueurs de vue. Tandis que se joue l’un des Concertos Brandebourgeois, les mouvements se veulent lents, appliqués, les plus délicats possible. Soudain le tempo de la partition classique s’emballe et c’est le chaos parmi les jouteurs. Des cris fusent, des rires. Au terme d’affrontements sans merci, il ne peut rester qu’un vainqueur lors d’une partie de Johann Sebastian Joust.

Création de Die Gute Fabrik, un collectif de créateurs indépendants danois, Johann Sebastian Joust est le meilleur jeu Playstation Move auquel vous allez jamais jouer. En fait, soyons honnêtes, c’est même le seul jeu Playstation Move valant la peine d’être joué. Probablement parce que Johann Sebastian Joust ne nécessite de posséder ni télévision, ni Playstation.

Une vidéo valant mieux que de longs discours, commençons par le commencement : qu’est-ce-que Johann Sebastian Joust ?

Comme son nom l’indique, il s’agit d’une joute de 2 à 7 jou(t)eurs, tournant sur PC mais n’utilisant pas du tout l’écran, se jouant sur fond de musique de Bach. Chaque participant est armé d’un Playstation Move, la boule lumineuse brillant d’une couleur différente pour chacun. Lorsque la musique démarre, l’objectif est de protéger sa boule tout en tentant de « briser » celle des autres joueurs. Pour ce faire, il faudra provoquer chez eux une accélération brutale détectée par les capteurs de mouvements du Move : la boule devient rouge, une vibration indique la défaite et un bruit de crash se fait entendre. Tape sur la main, prise au bras, coup sur l’épaule, tous les moyens sont bons, mais attention de ne pas être trop bourrin : il est vite arrivé de briser sa propre boule ! Si les déplacements se veulent très lents et patients lorsque la musique joue à un tempo normal, de brèves élévations du tempo élargissent le seul de tolérance des capteurs et permettent de tenter des gestes plus rapides, plus efficaces. Et lorsque seuls deux joueurs restent en lice, la tension est à son paroxysme, rappellant un combat d’arts martiaux entre deux spécialistes, chacun guettant la faille lui permettant d’asséner le coup fatal.

C’est tout bête. Ça fonctionne incroyablement bien. On y a joué cinq heures. Des filles, des gars, des grands, des petits, des gros, des minces, tout le monde a sa chance, la force physique n’ayant aucune espèce d’importance. Ce jeu est fantastique car universel.

Et pourtant, comme l’explique Polygon, à cause de la frilosité des éditeurs, le jeu a failli ne jamais être autre chose qu’une ébauche. Il aura fallu un Kickstarter, atteignant son but de justesse, pour que le projet ait une chance de voir le jour hors de happenings tenant presque de la représentation artistique.

Pour l’instant, le jeu n’est disponible qu’en version Alpha et n’a été distribué qu’à ses backers sur Kickstarter. Mais si vous avez une bande de potes sous la main, vous devriez surveiller attentivement l’évolution de Johann Sebastian Joust. En tout cas moi, une fois que les courbatures auront fini de me tirailler, j’y retourne.

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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4 commentaires »

  1. Jalousie. Depuis que j’ai entendu parler de ce truc, et surtout vu les vidéos, j’aimerai tant y jouer.

  2. Et tu y as joué à l’extérieur comme dans la vidéo ?

    En tout cas, je faisais exactement pareil pendant mes entraînements de ju-jitsu : il fallait se tourner autour pour attraper la ceinture de l’autre

  3. « mes entraînements de ju-jitsu »

    Sure…

  4. Le concept est d’un basique absolu, et ça semble carrément bien buter la gueule ! Superbe idée.

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