On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: Dating Sim / Réflexion / MMORPG - ah ah ah la gueule ! Mais non andouille, Beat'em All. • Editeur: Activision • Date de sortie: Juin 2013

Deadpool

Par • le 24/1/2014 • PC, PlayStation 3, Tests & previews, Xbox 360 • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Personnage détonnant aux débuts chaotiques mais sublimé dans la série le mettant en scène avec Nathan Summers, aussi connu sous le nom de Cable, Deadpool est résolument à part dans l’univers Marvel. D’abord parce que son humour est ravageur, ensuite parce qu’il brise régulièrement le quatrième mur. Retranscrire cette dernière caractéristique en jeu vidéo était casse-gueule, mais les braves de High Moon Studios s’en sortent avec brio. Le jeu, lui, un peu moins.

Le cancer en riant

Bang Bang Bang

Wade Wilson est un mercenaire redoutable, mais pas n’importe quel mercenaire : c’est le « merc with a mouth ». Ancien cobaye de l’expérience Weapon X menée par le gouvernement canadien, il se retrouve doué d’un pouvoir de régénération hérité de Wolverine le rendant quasi immortel, ce qui s’avèrera bien utile puisque Wilson est rongé par un cancer altérant sévèrement son apparence physique. Si Weapon X lui a sauvé la vie, elle a aussi complètement ravagé la santé mentale de ce pauvre Wade, lui conférant une caractéristique unique : schizophrène et paranoïaque, ce qui le pousse à discuter avec lui-même, il est néammoins conscient d’être un personnage de comics et va donc régulièrement s’adresser directement au lecteur, provoquant l’incompréhension totale de ses congénères persuadés qu’il se contente de deviser avec les voix dans sa tête. N’hésitant pas à faire référence à des séries, films ou même des comics concurrents, Deadpool est un personnage fantasque et hilarant alors qu’il se trouve, dans les faits, avoir aussi peu de scrupules que le Punisher lorsqu’il s’agit de trucider ses ennemis. Sans surprise, le jeu basé sur lui est un beat’em all faisant joyeusement étalage d’hémoglobine, mais un beat’em all qui a pris soin d’intégrer toute la folie du personnage.

Hello, ladies

C’est en effet dès son introduction que le ton est donné : Deadpool discute directement avec le producteur du jeu chez le dev, jette le script qu’il considère comme naze, téléphone à Nolan North pour en faire son doubleur, et s’amuse des tropes du jeu vidéo comme le gain d’expérience ou les points accumulés permettant d’améliorer son équipement. Une fois la machine lancée, l’action va tambour battant et les situations grotesques s’accumulent presque autant que les éclats de rire. Passages 8bit, références à d’autres jeux du genre, éléments scénaristiques tout simplement ridicules, rien ne sera épargné et le respect du personnage est total. High Moon, déjà à l’œuvre derrière les sympathiques jeux Transformers, a parfaitement compris ce qui faisait le sel de son héros et n’a pas lésiné sur les moyens. De ce point de vue, on est servi.

Le cancer en pleurant

DJ Pool aux platines

Du côté du gameplay lui-même, autant être honnête, c’est un peu moins l’orgie. D’abord parce que le jeu est quand même super moche dans son ensemble, avec une direction artistique qui ira du quelconque à l’atroce. Ne parlons pas du level design en couloirs qui n’épargne aucun poncif : égoûts, ruines, prison, immeubles déserts, ce n’est pas folichon hormis quelques moments inspirés qui tiennent plus de l’accident heureux que de la normalité. Techniquement, malgré un PC de course, le moteur se permettra d’affreusement ramer sans aucune raison apparente lors de certains passages alors qu’il plafonne sans soucis à 60 FPS la majeure partie du temps. L’ambiance sonore est excellente malgré une partition musicale complètement anecdotique, Deadpool passe son temps à vanner et les bruitages débiles sont légion (oui, il y a du Whilhelm scream). On ne se plaindra pas du scénario idiot non plus : le script ayant été jeté à la poubelle dès le début, on se retrouve baladé de décor en décor sans trop de raison autre qu’une vague trame mettant en scène une équipe de X-Men partis sur Genosha à la recherche de Mr Sinister, mais de toute façon ce n’est pas pour ça qu’on est là, les dialogues hilarants faisant largement leur boulot.

EPIC VICTOLY

Le système de combat lui est encore moins excusable : c’est très brouillon et jamais bien convaincant. Un bouton pour les attaques normales, un pour les attaques fortes, un pour l’esquive et un accès permanent aux armes à feu, un inventaire et des skills upgradables, des combos pas époustouflantes, des timings permissifs, un manque général de punch… ce n’est pas nul certes et on n’espérait pas avoir du Bayonetta non plus, mais après trois épisodes de Batman Arkham, on pouvait quand même s’attendre à un peu mieux que ce machin générique et piteux. Autre problème, plus grave celui-ci, sur la huitaine d’heures que dure l’aventure la difficulté est dosée un peu n’importe comment : certains passages deviennent subitement horriblement difficiles alors que l’on est sur le point de s’endormir en raison du manque de challenge. À contrario, les boss eux ne sont jamais bien compliqués et ne poseront jamais trop de problèmes, souvent moins que des mobs plus « classiques » mais hyper relou à cause de hitboxes assez capricieuses.

Malgré une retranscription très fidèle du personnage et de son univers, le jeu Deadpool rate donc le podium la faute à son manque flagrant de personnalité d'un strict point de vue ludique. Un comble pour le mercenaire fort en gueule, lequel est donc le héros éponyme d'un jeu pas foncièrement mauvais mais bien loin des ténors du genre. La disparition du titre sur Steam suite à la perte de la licence par Activision n'aidera pas à le trouver en solde facilement, mais dans un bac pour moins de dix Euros, pourquoi pas...

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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Un commentaire »

  1. J’ai bien rigolé, mais c’est vrai que le jeu était naze. Mais j’ai bien rigolé.

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