On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

Genre: JRPG • Editeur: Square Enix • Date de sortie: 6 février 2009

Chrono Trigger DS

Par • le 6/1/2009 • À la une, Nintendo DS, Tests & previews • Exemplaire du jeu payé avec nos sous •

Il est enfin arrivé ! Après des années d’attente, Chrono Trigger sort sur DS et on ne l’y attendait déjà plus.

Made by the best

La fameuse machine à téléporter

À l’époque de la Super NES les génies visionnaires de Nintendo étaient persuadés que le JRPG était un genre sans avenir commercial dans nos contrées (c’était déjà une bonne raison de les haïr, plus de dix ans avant la Wii). A l’exception de deux ou trois titres comme le tristounet Mystic Quest, point de Final Fantasy ou autres Dragon Quest en Europe: il fallait se tourner vers la Megadrive pour assouvir sa soif de quètes épiques et de combats en tour par tour (aaaah, les Phantasy Star, les Shining Force…). Suite au carton absolu de Final Fantasy VII, on pouvait espérer une arrivée européenne du portage Playstation de Chrono Trigger, mais il n’en fut rien: le jeu demeurait désespérément exclusif aux US et au Japon. La simple vue des noms des créateurs du titre aurait pourtant dû mettre la puce à l’oreille des importateurs: supervisé par Yuuji Horii, créateur de Dragon Quest, et Hironobu Sakaguchi, créateur de Final Fantasy, designé par Akira Toriyama, auteur de Dragonball, mis en musique par, entre autres, Nobuo Uematsu le compositeur attitré de la série Final Fantasy… autant de patronymes à priori gages de qualité: difficile de comprendre pourquoi un jeu affichant autant de stars au générique n’a pas eu les honneurs d’une sortie mondiale. Le remake Playstation se payait même le luxe de cinématiques toutes neuves directement réalisées par le BIRD Studio de Toriyama. C’est donc finalement via la DS que les personnes réfractaires à l’import et les nouveaux venus vont pouvoir enfin découvrir un titre qui demeure de l’avis de nombreux fans l’un des plus grandioses JRPG de l’histoire.

Non, encore ??

On se marre à la foire

Eh si, c’est une fois de plus avec un réveil au petit matin que l’histoire commence. La mère de notre héros ouvre grand les rideaux de sa chambre et l’incite à se lever afin d’aller visiter la « Foire du Millénaire » commémorant la millième année d’existance du royaume de Guardia. Le père se trouve aux abonnés absents et avant de sortir notre héros équipe son épée de bois et son armure de cuir: tout va bien au royaume des scénaristes de JRPG en quète d’inspiration. A tel point qu’on commence sérieusement à se poser des questions au bout d’à peine 2 minutes de jeu: c’est ça le chef-d’oeuvre ? Parce que même si visuellement c’est très joli et que la musique est magnifique, on était en droit d’espérer une histoire un peu moins bidon pour débuter… Alors on visite la foire, on parle à des gens, on fait mumuse à des petits jeux sans intérêt, on rencontre une jolie jeune fille en pantalon qui a l’air de fouiner à droite à gauche et finalement demande si elle peut nous accompagner au bout de trente secondes de discussion (oui, ça n’arrive pas souvent dans la vraie vie hein). A peine quelques instants plus tard on apprend que la princesse du royaume est un vrai garçon manqué qui passe son temps à vouloir sortir du château pour découvrir le monde. HOLY FUCK ET SI C’ÉTAIT LA FILLE QUI M’ACCOMPAGNE DEPUIS DIX SECONDES ? Non mais soyons sérieux là c’est quoi ça ? C’est ça le scénar d’un des plus grands JRPG de tous les temps ?

Une époque épique

Des bonus chiants comme un concert de Lorie

Eh bin oui, c’est ça le scénar des dix premières minutes de Chrono Trigger, et cette apparente niaiserie/débilité/facilité/tout-ce-que-vous-voulez n’est qu’un habile subterfuge pour prendre au dépourvu le joueur. Car immédiatement après avoir retrouvé l’une de vos amies à la foire, la jeune fille habillée-en-garçon-que-p’tet-c’est-la-princesse-mais-on-est-pas-supposé-l’avoir-deviné-tout-de-suite disparaît lors d’une démonstration de téléportation, et c’est là le prélude à un voyage dans un passé où l’humanité est en péril, la faute à un sombre mage cherchant à invoquer une entité capable de détruire l’univers… oui je sais raconté comme ça, ça a toujours l’air niais, mais la gestion des paramètres temporels, l’écriture de la suite du scénario ainsi que les situations originales font rapidement oublier ce démarrage calamiteux. On retrouvera ainsi le héros au centre d’un procès (les actions effectuées durant le jeu influent sur le verdict), il s’en ira ensuite dans le futur découvrir l’avenir réservé à l’humanité, pour enfin librement voyager à travers le temps jusqu’à une préhistoire reculée où il aidera ses plus lointains ancètres à combattre les dangereux sauriens. De nouveaux compagnons se joindront à l’équipe même si seuls 3 personnages demeureront accessibles simultanément, de multiples side quests permettront de se constituer un équipement ultime, et particularité peu courante à l’époque, le jeu propose plusieurs fins différentes en fonction du moment où l’on part affronter le boss: voyage dans le temps oblige, il est en effet possible de se frotter à lui très rapidement mais étant donné sa puissance il est plus que conseillé de leveller un chouilla avant de s’y risquer…

Quoi de neuf ?

Utilité de l'écran du bas: afficher une carte

Qui dit remake dit bonus, surtout quinze ans après. Sachant que la refonte graphique est quasi inexistante à part les menus, on est ici en présence d’un portage Super NES quasi brut de décoffrage à l’inverse d’un Dragon Quest IV proposant une 3D de toute beauté. Bien entendu, la 2D est aussi jolie qu’à l’époque même si elle reste moins chatoyante que celle du presque récent Sword of Mana ou même de Seiken Densetsu 3 et il y a fort à parier que les puristes auraient hurlé à la trahison si de trop grandes modifications avaient été apportées aux graphismes. Il reste que pour si peu de changements visibles on aurait apprécié du contenu un peu plus valable que les faméliques bonus proposés: une sidequest abominable et complètement inutile, une nouvelle fin qu’on ne peut observer qu’après avoir déjà terminé le jeu et recommencé une partie, et un mode « arène » franchement ennuyeux. Merci les gars ! Et dire qu’ils ont fait interdire Chrono Trigger Resurrection… Les musiques sont toujours aussi magnifiques mais là encore, on n’entend pas vraiment de différences avec la version 16 bits. L’écran du bas sert à afficher une carte, utile pour ne louper aucun recoin, par contre déplacer son perso de façon tactile c’est une fausse bonne idée inutilisable. Le système de combat n’a pas changé lui non plus et là c’est tant mieux: les monstres sont visibles sur l’écran histoire de limiter les rencontres aléatoires mais il ne faut pas trop rêver, il y a plein de passages où d’un coup les persos se figent pour que des monstres débarquent comme par magie depuis l’extérieur de l’écran. Durant les combats les héros peuvent unir leurs forces pour exécuter d’impressionnantes combos faisant un ravage sur l’énergie vitale des ennemis. Un mode « actif » permet aux ennemis d’attaquer même alors que le joueur est en train de sélectionner un sort ou un objet, ce qui apporte plus d’intensité aux combats. Enfin, et c’est bien dommage, la durée de vie est un peu tristoune: compter moins d’une trentaine d’heures pour finir le jeu une première fois en ayant fait la plupart des side quests, même si on pourra recommencer en mode « New Game + » proposant de jouer directement avec les persos à haut niveau et l’équipement de psychopathe, permettant de ne faire qu’une bouchée des petits mobs et d’enfin débloquer les différentes fins du jeu.

Qu'on ne s'y méprenne pas: Chrono Trigger reste une valeur sûre du JRPG. Mais ce remake DS, s'il permet enfin au jeu de sortir en Europe, n'apporte pas grand chose au jeu SNES original si ce n'est le plaisir d'y jouer dans la poche. Un remake de fainéant, donc, qui fleure bon l'opportunisme et l'argent facile. Il serait injuste toutefois de vouer au pilori un titre qui mérite largement qu'on s'y intéresse pour peu qu'on aime le genre, ne serait-ce que pour son scénario de très haute tenue et sa réalisation de qualité.

Tags: , , , , , , , , , , , ,

est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
Email | Tous les posts de

2 commentaires »

  1. C’est marrant ce que tu dis, parce que je m’enfile actuellement un jeu de rôles super acclamé en son temps (Mother 3) et je n’arrête pas non plus d’être déçu.

    Par contre que « moins d’une trentaine d’heures » soit tristoune, j’ai du mal à comprendre : c’est déjà trop !! 15 heures ça devrait être un max…. (Mais je suis devenu un casual.)

  2. C’est marrant ce que tu dis, parce que je m’enfile actuellement un jeu de rôles super acclamé en son temps (Mother 3) et je n’arrête pas non plus d’être déçu.

    Pas encore commencé Mother 3, je dois me faire Earthbound d’abord (et Mother si j’ai le courage). Je n’ai tout de même pas été « déçu » par Chrono Trigger, le jeu reste très chouette, l’aventure super agréable et malgré un démarrage catastrophique l’histoire est vraiment excellente. Par contre je suis vraiment déçu de la frilosité de SquareEnix: si le jeu était une excellente base, le remake est vraiment au rabais et aurait dû sortir sur GBA en 2004, pas sur DS en 2009…

    Par contre que “moins d’une trentaine d’heures” soit tristoune, j’ai du mal à comprendre : c’est déjà trop !! 15 heures ça devrait être un max….

    Pour un jeu sur une console portable, que tu peux arrèter quand tu veux, reprendre quand tu veux, et que tu fais par tranches d’une demie-heure dans les transports en commun, non, c’est pas trop, srsly. Ma quarantaine d’heures sur Dragon Quest IV je ne l’ai pas vue passer, alors que j’ai peur de ne jamais réussir à la réitérer sur Final Fantasy XII

Ajouter un commentaire