On jouait déjà avant ta naissance, donc on a raison

A history of violence

Par • le 21/11/2007 • Entre nous

Il paraît qu’Hillary Clinton tente de se faire un peu de pub en se déclarant contre la sortie de Manhunt 2. Faire campagne contre les jeux vidéo violents, ça permet à peu de frais de se donner une image de défenseur de nos têtes blondes fragiles mais déjà alimentées à ras la gueule de meurtres via cette chère télévision.

À première vue on pourrait s’insurger une nouvelle fois contre ces politiques se mélant d’un business qu’ils ne connaissent pas, ne maîtrisent pas, et tentant d’inculquer au consommateur ce qu’il a le droit ou non de voir, de faire dans un jeu vidéo. Je suis majeur, responsable et vacciné, et si je veux jouer à Manhunt 2 dans sa version intégrale et non-censurée, pourquoi n’aurais-je pas le droit de le faire ?

Pourtant, quelque chose me dérange.

Sachant que strictement aucune vérification d’âge n’est jamais faite ni dans les magasins spécialisés, ni dans les grandes enseignes culturelles, ni dans les hypermarchés,
Sachant que les parents font déjà rarement leur boulot concernant la télévision et encore moins concernant les jeux vidéo,
Et après visionnage de cette vidéo présentant les scènes finalement censurées du jeu, j’avoue ressentir un certain malaise à l’idée qu’un gosse de 12 ans puisse jouer à ça:

Alors, que faire ? Interdire ? Autoriser ? Exiger, une fois pour toutes, que les recommandations PEGI et autres soient réellement appliquées ? Il n’y a pas deux ans, je voyais dans un Micromania une mère acheter GTA San Andreas pour sa fille de 12 ans et expliquer que la fillette était fan de la série, sans que les deux vendeurs y voient quoi que ce soit à redire. Pour le coup, j’aurais bien commis trois meurtres, en commençant par la mère.

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est joueur depuis 1985. Multiplateformes, multigenres, souvent exigeant, parfois tatillon, mais jamais blasé.
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6 commentaires »

  1. J’avoue, j’étais clairement contre la censure, quelle qu’elle soit. Et ça valait donc également pour Manhunt 2.

    Maintenant, après avoir enfin vu ces fameuses scènes retirées du jeu, j’avoue que je te rejoins complètement. J’ai clairement un malaise à penser qu’un môme puisse jouer à ça, sans forcément avoir le recul nécessaire.

    Mais puisque tout est une question de distance par rapport à l’oeuvre, j’ai bizarrement le même malaise à l’idée qu’un trentenaire puisse jouer à ça. Car il n’y a pas que les gosses qui ont un manque de recul.

    Après, la censure ne sera jamais une solution. Que les vendeurs respectent plus les codes PEGI seraient effectivement une bonne idée.

    ps : bon article, et site vraiment sympa. continuez comme ça !

  2. Bon, je suis pas fan de Manhunt, et clairement, un gamin n’a pas à jouer à un jeu comme ça. Mais concrètement, quoi de différent de films gore ou trash ? Quand je vois Saw (et surtout ses suites), j’ai pas l’impression que ce soit si éloigné. Et concrètement, un gamin peut voir un film comme ça. D’accord, pas en salle, parce qu’il y a contrôle. Mais en DVD/DivX/VOD…

    Je suis contre la censure, et s’il existe un cinéma « gore », s’il existe une musique « trash » (les groupes de death metal avec des noms et des pochettes assez claires, comme Carcass ou Cannibal Corpse, etc…), bref, s’il existe une telle culture, je ne vois pas pourquoi un jeu vidéo devrait être interdit/censuré. On prône l’existence et la légitimité de ce média en demandant à la masse d’arrêter de le considérer comme, au mieux, un passe-temps de gamin en expliquant que oui il peut y avoir de la profondeur et des émotions dans un jeu. Pourquoi ne pas accepter Manhunt ? De plus, y a eu des précédents (Carmageddon, Thrill Kill…).

    Le jeu est mauvais (j’ai laissé tomber le 1 au bout d’une dizaine de minutes) mais si des gens sont là pour y jouer de façon divertissante, pourquoi pas.

  3. Quand je vois Saw (et surtout ses suites), j’ai pas l’impression que ce soit si éloigné.

    Moi je vois une énorme différence: dans Saw, c’est le méchant qui torture et qui tue les gens. Pas le héros sous couvert que les victimes-sont-des-tueurs-de-toute-façon.

    Je ne suis évidemment pas favorable non plus à l’interdiction. Quelque part, c’est les développeurs que j’ai un peu envie d’interroger: vous cherchez quoi, en créant un jeu comme ça ?

  4. @ Pomme :

    s’il existe un cinéma “gore”, s’il existe une musique “trash” (les groupes de death metal avec des noms et des pochettes assez claires, comme Carcass ou Cannibal Corpse, etc…), bref, s’il existe une telle culture, je ne vois pas pourquoi un jeu vidéo devrait être interdit/censuré.

    Tout à fait d’accord sur ce point. S’il existe des films gore, je ne vois pas au nom de quoi il n’y aurait pas des jeux vidéo gore. Cela dit, le problème de leur accessibilité reste entier.

    Quand je vois Saw (et surtout ses suites), j’ai pas l’impression que ce soit si éloigné.

    Pareil pour moi, je les range dans la même catégorie.

    On prône l’existence et la légitimité de ce média en demandant à la masse d’arrêter de le considérer comme, au mieux, un passe-temps de gamin en expliquant que oui il peut y avoir de la profondeur et des émotions dans un jeu.

    D’accord sur le principe, mais je ne crois pas que Mahnunt 2 soit le meilleur choix pour ça. Dans la tête de « la masse », il n’y a pas qu’un préjugé à casser : il y en a trois. En plus de l’association « jeux vidéo = enfants », il faut aussi compter avec l’association « jeux vidéo = violence » et la croyance selon laquelle « l’industrie du jeu vidéo vend des produits ultra-violents à des enfants ». On ne convaincra pas les gens en brandissant Manhunt 2 et en disant : « attendez, faut être neuneu pour croire que c’est pour les enfants, un produit comme ça a forcément été conçu pour les adultes ». Au contraire, on les fera dire « voilà ce qu’ils vendent à nos enfants, maintenant ! ». Pour la profondeur et les émotions, il faut trouver d’autres jeux en guise de faire-valoir. Et vite !

  5. Kwyxz > tout à fait d’accord pour le « sujet » du jeu. J’ai parfois tendance à occulter ce type de détail pour m’intéresser au gameplay. Ceci dit, le truc manichéen, c’est un peu lourd parfois (mais ça c’est HS). Et effectivement, il serait intéressant d’avoir la motivation des dévs pour sortir ce jeu, mis à part l’interêt du gain (mais vu comme s’est -peu- vendu le 1er, à part la provoc je ne vois pas trop).

    Shane > Evidemment, Manhunt n’est absolument pas une référence, et ce sur tous les points. Le problème est effectivement l’accessibilité à ce type de jeu, et je comprends pourquoi l’amalgame est si vite fait dans les médias grand public. Mon exemple servait juste à légitimer l’existence de jeux ultraviolents, car à part la soif de sang et l’excitation (et l’humour, pourquoi pas) il n’y a pas grande émotion à tirer de cette galette. Sinon ben, je suis assez d’accord avec ta « part 2 ».

  6. J’ajoute également que quand, dans Hostel, le héros se retrouve à tuer l’un des méchants, il y a tout un contexte mettant en situation la violence du geste. Il est rarissime que le héros d’un film tue de façon aussi particulière que ce qu’on voit dans la vidéo, et quand c’est le cas il y a toujours une raison bien précise.

    Pour avoir joué au premier, je sais d’avance que ce ne sera pas le cas de Manhunt 2. Le héros tue les ennemis pour survivre, mais le sadisme des mises à mort est complètement gratos.

    Et ça, même pour une personne adulte et vaccinée, j’avoue que ça reste dérangeant. Même si j’admets avoir été déçu qu’on ne puisse plus massacrer les PNJ à coups de pied-de-biche dans Half-Life², je trouve que c’est très différent: dans un jeu quand on le fait, on perd. Dans l’autre, on gagne.

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